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Les arbres

De l’autre côté du quai les arbres sont bien morts,
N’existent plus.
Leurs écorces sont tombées infestées de champignons.
Je n’entendrai plus le gazouillis des oiseaux le matin en attendant le RER,
Ni le murmure du vent dans leur luxuriant feuillage.
Les arbres si beaux si grands n’ont plus de troncs ni de branches,
N’ont plus de feuilles à présenter.
C’est terrible même leurs racines ont disparu.
Les arbres du matin me donnaient les saisons,
Les arbres du matin me donnaient l’heure,
Une belle heure oxygénée et ça m’allait bien.
Sur le quai il n’y a plus rien à voir à respirer, le dialogue est bien rompu.
Pas la peine d’être passé au travers des tempêtes, des froids de l’hiver,
Pour finir ainsi le cœur en décomposition.
Pas la peine d’avoir lutté contre toute la haine de la terre,
Les bulldozers les tronçonneuses et autres tueries pour mourir ainsi.
La nuit j’entends un cri que nul n’entend,
Un cri de sang.
J’entends les arbres pleurer parce que leurs blessures saignent encore.

Françoise TCHARTILOGLOU,
Extrait de : Poèmes de l’arc-en-ciel,
Flammes Vives, 2020, p. 22

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Mise en ligne de cette page : 24.01.21

 

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