L’héritage

J’ai montré au Jour l’enfant né de mon sang,
Il a ouvert ses bras, pareil à l’oiseau blanc,
Pour saluer la Terre et embrasser les Cieux ;
C’est une part de moi que j’ai donné aux Dieux.

Sur la lande, là-haut, j’ai fait dresser les pierres
Qui dévorent pour nous des astres les colères.
Mon peuple alors exulte et de chaque foyer,
Vers la lune qui rit, montent les chants guerriers.

 Avec l’argent et l’or de mes premiers combats,
J’ai rapporté aussi des femmes de là-bas,
Mes hommes vigoureux, vaincront d’autres contrées,
Puis, heureux, rassasiés, ils goûteront la paix.

Les Dieux sont-ils jaloux ? J’ai subi la défaite !
La mort, la faim, le froid : bien loin sont les conquêtes.
J’ai semé des martyrs au vent de la folie ;
Avec le déshonneur, j’ai revu mon pays.

L’enfant né de mon sang,
Pareil à l’oiseau blanc,
Pour le plaisir des Dieux,
Jette ma cendre aux cieux.

Le bûcher est dressé ! Mon fils devenu Roi,
Debout, bras écartés, semblable à cette croix
Qu’encore il méconnaît, regarde dans les cieux,
La flamme qui m’emporte et me redonne aux Dieux.

L’enfant né de mon sang,
Pareil à l’oiseau blanc,
Pour le plaisir des Dieux,
Jette ma cendre aux cieux.