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La famille Moineau

Depuis des générations, les moineaux ont élu domicile sous une tuile de la loggia. Garnie de fines pailles, l'entrée de leur logis révèle le confort d'une famille aisée.

A l'heure du déjeuner, on entend des pépiements d'agitation : les enfants seraient-ils encore à traîner au nid ?

Monsieur Moineau vient, le premier, se poser sur le muret. Très distingué dans une jaquette de plumage velours marron et d'un gris anglais le plus chic. Avec sérieux, il m'étudie, rejoint par son épouse, plus fluette, qui fait bouffer son collier de duvet.

Plus tard, alors que je peins, presque immobile à ma table, les enfants moineau atterissent en coup de vent sur le dossier de la chaise en vis-à-vis. Plus hardi, le garçon fait un saut sur le couvercle de ma boîte de couleurs. Peu attiré par ce genre d'occupation scolaire il volète jusqu'à la salle de séjour, sautille à la recherche de quelques miettes à chaparder, picore effrontément jusque sous le nez de la chienne endormie sur le frais carrelage.

Sa soeur l'a remplacé sur la boîte à dessin. Timide, après avoir aiguisé son bec, elle se contente d'observer les couleurs de la palette, la tête inclinée, en élève attentive. Elle me fait ensuite le coup de la séduction, d'une grâce toute féminine pour ce vieux monsieur qui couche de si belles fleurs sur du papier blanc.
La famille doit avoir ses habitudes. Sur quelque signal que je n'ai pas entendu, les deux jeunes moineaux vont rejoindre leurs parents, dans le vieux tamaris. Le fils n'obéissant qu'après une dernière pirouette, sous l'oeil étonné du chien, le fils moineau, bon dernier, crête rebelle au vent, un peu débraillé comme bien des garçons...

Photo de robert michel 2017 recadre

Robert MICHEL


Mise en ligne maj 1.6.20 par Nathalie Cousin alias La souris curieuse. Poème publié dans la rubrique "Aquarelles", le Bulletin d'Espalion (?)  (date inconnue),envoyé par l'auteur, avec tous nos remerciements.

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