Le loup et l'agneau

C'est toujours le plus costaud qui a le dernier mot.
Comme l'a démontré le père Jeannot
Dans cette histoire de bestiaux.

Un p'tit bêlant bien pénard,
Dans la baille, pataugeait.
Rapplique un affreux ringard
De gros méchant loup qui avait les crochets
Et, pour lui chercher des crosses,
Il lui bonnit, féroce :
" Qu'est-ce que tu fous laga, morveux,
A patauger dans ma flotte ?
Ça va être ta fête, mon pote.
M'en vais t'apprendre les bonnes manières.
T'aurais pas du m'foutre en colère !! "
" Mais m'sieur, vous vous gourez ! "
Qu'il lui répond, l'bestiau frisé,
" Votre baille, je l'ai pas salopée
Et même, vous pouviez pas l'zieuter,
Vu que j'suis à patouiller
Bien au-dessus de vos radis !! "
" -tu la dégueulasses, que j'te dis ! "
Et, avant qu'il ait dit " Béé… "
L'gros méchant loup l'a alpagué.
En deux coups de crocs, il l'a occis
Et emballé pour le méchoui…

 

Reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur
et publié dans L'Ouvre Boîte, n°69, automne 2005.

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