Abraham
Âmes scellées au crépuscule du matin
tu laisses
Isaac pris avec toi
ta tente
sous le regard de Sara
qui te regarde
pour te perdre de vue
descendre la vallée
&
Demeure quittée
 tu descends 
 sous le regard de Sara  
en silence  
yeux fixés au sol  
dans la vallée
&
Monté des vallées du quotidien  
pour échapper à l'atteinte du temps
tu vas  
frontières de la morale franchies  
toujours à l'extrême
tu te sens mené  
éveillé du songe de la vie  
vers les régions nouvelles inexplorées
&
Vivant  
avec le courage de la foi  
hors du réel
tu te présentes  
assassin à venir de ton fils  
devant les juges  
comme le plus misérable des hommes
&
Sans crainte  
mis à l'épreuve  
du jugement des hommes
tu te détournes 
 audacieux dans la foi conservée  
de la raison
tu ne renonces pas  
couteau brillant entre les mains 
à Isaac
&
Angoisse  
Détresse  
dites dans le taire des hommes
tu penses  
en vertu de l'absurde  
que ce qui doit arriver  
mouvement de la foi fait  
ne peut arriver
&
Holocauste préparé en silence
tu tires le couteau  
pour voir  
enfin  
le bélier à sacrifier  
pourvu par Dieu
tu deviens  
exigence de Dieu non oubliée  
le vieillard qui voit 
joie enfuie à jamais  
Isaac continuer
&
Grand dans l'énergie  
qui repose sur ta faiblesse
Grand dans la sagesse 
qui côtoie ta folie
Grand dans l'espoir  
bordé par ta démence
Grand dans l'amour  
qui dit la haine de toi-même
tu es  
le plus grand des hommes
Jean-Pierre Parra
Poème aimablement transmis par l'auteur pour l'Ouvre Boîte à Poèmes
Avec tous nos remerciements
Mise en ligne : 20.08.2014