L'aube 14.9.19
Adhérents ou non de l'assocation, vous êtes tous conviés
au Coin des poètes de l'Ouvre Boîte à Poèmes
à la Briqueterie de Montmorency
6, av. de Domont, 95160 Montmorency
samedi 14 septembre 2019
de 14h45 à 17h30
Thème facultatif : L'aube
"Retrouver l’aube partout, partout, partout, c’est une façon de vivre.
Reconstituer la naissance dans tout automne ;
héler la perdue dans l’introuvable ;
faire resurgir l’autre incessant
et imprévisible dans l’irruption de la première fois
car il n’en est pas d’autres.
Naître."
Pascal Quignard. Les ombres errantes.
Quand l'aube ressemble comme deux gouttes d'eau au crépuscule...
L'aube est une prière
dont chaque bruit invente
le chemin de clarté
Parmi les galets gris
que draine l'obscurité
je cueillerai
des brassées d'épis
magnifiés du mystère
des moissons d'univers
Jeannine Dion-Guérin, Le signe quel signe ou le guetteur immobile (Editinter, 2002)
Aube
J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route
du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes
se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq.
A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,
je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu
son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
Arthur Rimbaud, Illuminations
Mise en ligne de cette page :28.8.19 ; dernières maj, 12.9.19 Nathalie Cousin alias La souris curieuse. (Photo Michel Cousin, Vosges, 2019)