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E. de Monteynard. Suppose qu'un ange

 

ANNONCE DE PARUTION

Emeric de Monteynard, Suppose qu'un ange, couverture de Philip Rebstock,
illustration en frontispice de David Giannoni, Amay, l’Arbre à paroles, 2023, 67 p.

ISBN 978-2-87406-727-3 (Tirage de tête : 30 € ; tirage courant : 13 €)

 

NOTE DE LECTURE
S’il vous plait… dessine-moi un ange…

 

par Nathalie Cousin

Sqa couv ed courante 106ko

Suppose

Qu’un ange rencontré
Nous offre un paradis

Et que je te demande
Que nous nous écartions

Et le laissions tout seul
Raconter son velours.

(Guillevic, Bergeries, dans Autres,
Poésie/Gallimard, 1991, p. 301)

ANGELOPHANIE :
Apparition des anges :
phainô [ϕαίνω],
« ce qui se montre,
par soi, à partir de soi »

 

 

Il y a quelque chose d’émouvant à lire ce récit, Suppose qu’un ange, dont le titre est un hommage discret à Guillevic (cf. dernier poème de Bergeries dans Autres).

Ce titre permet aussi une transition avec Devenir chemin, précédemment publié par Emeric de Monteynard (l’Arbre à paroles, 2020), qui contient en effet deux poèmes commençant par Suppose qu’un ange :
« Suppose qu’un ange/ Décide / Et vienne // T’habiter »
[…] « Suppose encore que demain / Un ange vienne t’aider // À vivre […] »

En fait, le thème de l’ange apparaît dans la plupart de ses recueils, ce qui en souligne l’importance   :

« Ça se tient à ses rêves, un arbre…à l’ange qui les garde. »  […]

« Serais-tu comme un ange, gardien de la terre, quelqu’un qui se tait, qui sait, qui porte… […]» […] (Aux arbres penchés, l’Arbre à paroles, 2006, 2e éd. 2014).

« À combien d’anges / A–t–on déjà parlé ? […] » (Ce qui, la nuit, l’Arbre à paroles, 2012, 2e éd. 2013.).

[…] « De l’ange à qui // Parlent nos / Rêves ? » « […] Les chemins qu’il trace, // Comme autant / De lignes léguées // Par l’ange / Qui le garde. […]» (Écoper la lumière, l’Arbre à paroles, 2015.

« Je savais l’ange / Dans mes bras – // Ses ailes pliées. […] » (Force est d'écrire aimer, l’Arbre à paroles, 2017).

« Pense à parler de l’ange […] » (Écalgrain, l’Arbre à paroles, 2018).

Ainsi, l’ange, les anges, accompagnent-ils de longue date le poète et font-ils partie de son univers.

Traditionnel messager de Dieu, ange gardien, créature mi-céleste mi-terrestre, l’ange apparaît avant tout, pour Emeric de Monteynard, porteur de lumière et porteur de ses plus intimes secrets. Protéiforme, il peut prendre les traits d’un enfant, d’un ami, d’une femme aimée, d’un guide...

« Mais vois-tu, peut-être qu’un ange, finalement, c’est ça ! Que c’est un homme ou une femme qui a été aimé, et qui l’a su, sans l’ombre d’un doute ! »

L’ange émericéen n’a pas le caractère terrifiant de l’ange de Rilke dans Les Elégies de Duino. Il serait plus proche de l’ange baudelairien, « plein de gaieté (…), de bonté (…), de santé (…), de beauté (…), de bonheur, de joie et de lumières » (cf. « Réversibilité », Les Fleurs du mal).

L’ange d’Emeric est tout cela à la fois. Le poète ne se perd pas dans une quelconque « hiérarchie céleste » docte et savante (cf. Thomas d'Aquin, Pseudo-Denys l'Aréopagite, etc.), ni dans un « langage des anges » ésotérique de type énochien... Toutefois, il n’est pas exclu de l’imaginer, cet ange, en « vieux sage » Japonais ou Chinois, ou encore en sherpa.

Le poète engage avec l’ange, son alter ego, une conversation sur un ton libre et familier, parfois presque enfantin, comme avec un ami (où l’on peut deviner le dédicataire de l’œuvre, Lilian [Lloyd]), reconnaissant qu’ « il faut être deux pour vraiment se connaître soi-même ».

Cette liberté et ce mélange bien orchestré de réalité et de fiction imaginale, permettent aux deux amis de passer aisément d’un registre à l’autre, de la gravité à l’humour, du sourire, du rire aux larmes. Ensemble, ils vont cheminer dans un paysage bien réel, ancré précisément sur la côte ouest du Cotentin, près des falaises, près de la mer :

« C’est un véritable lieu de paix et d’harmonie, qui invite l’homme à mieux se mesurer à l’espace. »

Ensemble, ils vont retraverser leur vie, la revivre sous tous ses angles, de l’enfance à l’âge adulte, et ainsi tout doucement, à voix basse et à pas lents, « se réparer » et «  faire le deuil de leur passé. »

« Il est temps de convoquer, chacun, nos mémoires, de boire un verre ou deux. Ou trois. Et de trinquer, souvenir contre souvenir. De troquer. De les confondre et de les mesurer à nos doutes et à nos espérances. »

D’une infinie pudeur et délicatesse, ce texte est à même de trouver un écho en chacun.

Son auteur l’a longtemps porté, le remaniant maintes fois avant qu’il ne soit publié, en y perfectionnant son « art poétique ». Pour cela, il lui a fallu « creuser profond », lutter « corps à corps » et faire confiance. Il dit qu’il écrit pour effacer une dette et pour remercier, ce que l’on peut rapprocher de Linda Lê : « Écrire, c'est aussi reconnaître sa dette d'amour envers ceux que René Char appelle les alliés substantiels. » (Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau, C. Bourgois, 2009).

Suppose qu’un ange d’Emeric de Monteynard arrive maintenant, à son heure, comme un fruit mûr à point, et l’on se réjouit qu’il en soit ainsi. Il invite à lire ou relire toute l’œuvre et ses trésors inépuisables. En prose ou en vers, il célèbre l’amour, la lumière, la vie, et en diffuse la quintessence. Il s’agit bien, comme pour Guillevic avant lui, entre autres, de « vivre en poésie », de léguer, de transmettre, d’être un passeur. Il s’agit bien d’une authentique et splendide « PoéVie » !

San david n 4Un « san » de David Giannoni (tirage de tête)

 

Site de l'auteur et bibliographie détaillée

Extraits de Suppose qu’un ange

Publications sur le site de l'éditeur

1ère présentation et lecture publique (annonce sur Facebook)

SAMEDI 20 MAI 2023 À 16:00 UTC+02

les Apéros poéVie de la Maison #7

L'Arbre à paroles - Maison de la poésie d'Amay

Img 0034 emeric david aurelien donyMaison de poésie d'Amay, 20 mai 2023
(de gauche à droite : Aurélien Dony, Emeric de Monteynard, David Giannoni)
(photo © Michel Cousin)

Autres publications (actuellement disponibles)

Devenir chemin, [lithographie de Joseph Ciesla], l’Arbre à paroles, 2020.
Écalgrain, [dessins de Pierre Juhel], l’Arbre à paroles, 2018.
Force est d'écrire aimer, [photographie de Norbert Hardy], l’Arbre à paroles, 2017.
Écoper la lumière, [héliogravure de Carol Munder], l’Arbre à paroles, 2015.
Aux arbres penchés, [dessins de Xavier], l’Arbre à paroles, 2006. (Prix Amélie-Murat). 2e éd. 2014.
Ce qui, la nuit, [encre de Madeline Deriaz], l’Arbre à paroles, 2012, 2e éd. 2013.
Aimer, le dire, [illustration de Pascal Laloy], Maelström, bookleg n°107, 2014.
Pétra, s’égarer vers le ciel, Tertium, 2014.

(voir aussi page Wikipédia)


Mise en ligne de cette page : maj 21.05.2023. Tous mes remerciements à Emeric de Monteynard.