Au pavillon de la fontaine
Au pavillon de la fontaine
Dix-neuf mars deux-mille-dix-neuf
Un rêve blanc règne à foison
Voici le conte de Noël
Rétroactivement surgi
Emplissant mes yeux effarés
Jardin du Luxembourg en neige
Le vrai a rejoint l’onirique
À la fontaine Médicis
Alors ma tasse de café
Sait enrober de noir l’extase
Surprise pâle de la date
Frôlant le retour du printemps
Comme si rien n’est joué d’avance
Sont-elles étonnées les reines
Enlaçant le bassin central
C’est Baudelaire le rebelle
Qui supporte la blanche empreinte
Quels vers inouïs va-t-il ourdir ?
Verlaine tisse laine blanche
En sanglots longs du mois de mars
La châtelaine de Nohant
S’enroule dans un châle ivoire
Et Polyphème enfouit sa haine
D’Ulysse sous tant de flocons
Quand la neige caresse Acis
Créant l’émoi en Galatée
Est-ce mélancolie ou liesse
Qui m’assaille en cette journée ?
Jean-François Blavin, Oscillations vagabondes au crépuscule,
préface de Laurent Desvoux D’Yrek ;
dessins originaux de Nicole Durand,
Saint-Chéron, Éditions Unicité, © 2020, p. 75-76
Mise en ligne de cette page : 5.2.2022.