Recension : Entre deux bleus

Marie-Stéphane Vaugien, Entre deux bleus : témoignage, EnvolÉmoi Éditions, 2015. ISSN 2105 – 0511 – ISBN 979-10-95749-00-4. Prix de vente public : 14,00 € – 284 pages - envolemoi.editions@gmail.com

Fiche de lecture par Aymeric de L'Hermuzière

C’est émouvant quand deux voyageurs se rencontrent. Ils ont beaucoup d’histoires à se raconter. Chacun prépare le prochain voyage de l’autre !

Avec Marie-Stéphane Vaugien c’est un peu de cela qu’il s’agit. Elle écrit d’abord en guise de préambule, sur la première page, au stylo bille, à la main :

« A Aymeric, le voyageur-poète, qui a encore les yeux écarquillés de ce qu’il a vu… Allez, bouclez les valises encore une fois, je vous embarque (avec un peu d’émoi un peu de moi entre les lignes…) pour un tour du monde de papier… »

Et cette dédicace fait bien plaisir car elle engage le dialogue avec l’un de ses lecteurs. Et qu’elle est double. L’hôtesse parle d’égal à égal avec le toudumondiste et cela semble aller de soi !

Voilà un privilège que le tour du monde m’aura accordé. Celui de me hisser au rang des PNC. Celui de pouvoir flirter avec l’hôtesse… Normalement c’est intimidant pour le jeune homme respectueux de la bienséance que je suis et facilement impressionné par le cocktail perfection - beauté et par l’uniforme. Mais pas dans le cadre d’une telle introduction car nous avons parcouru l’un et l’autre le même monde. Et que nous sommes confrères en écriture !

J’embarque bien volontiers, dans de bonnes mains, avec gourmandise.

Double dédicace parce que si Marie-Stéphane semble si bien connaître la famille Tourdumondista c’est certainement qu’elle a été habilement mise au parfum par un tiers, qui servit de liant entre le royaume céleste de l’hôtesse et l’écorce terrestre dont nous fîmes le tour. Merci à toi ô fil discret mais pas tout à fait invisible !

Marie-Stéphane nous connait donc un peu. Elle se dévoile ensuite à son tour dans ce beau livre de voyages et d’aventures au titre plein de promesses : « Entre deux bleus ». Il y a du Yves Klein dans ce titre-là !

Tout dans la couverture plait au voyageur qui s’en revient d’un tour du monde. Elle est sobre et classe sans ambigüité le « témoignage » dans la catégorie des livres d’aventures de voyage. La maison d’édition semble avoir été conçue tout exprès pour l’hôtesse : EnvolÉmoi Éditions. Et si c’était réellement le cas ? On aimerait bien naviguer sur les lignes de l’hôtesse !

Couverture sobre mais relevée de quelques lignes et de quelques lettres bleues. Cyan, Outremer. Dans l’air ou dans l’eau, tout un programme de voyage. On retrouve le catalogue de l’agence de tourisme en fin de recueil : un riche sommaire sur trois pages dont même des tourdumondistes aguerris sont jaloux ! Ce dernier survol final en guise d’adieu fait facilement plusieurs fois le tour du monde.

Entre les deux, le préambule guidé et customisé et l’aile qui vire ultimement avant le dernier atterrissage, c’est une vie tout entière qui s’écrit sous la forme d’un « Livre des merveilles » (autre point commun avec ceux qui se dénomment Tourdumondiste, dont le poète-voyageur).

Marie-Stéphane nous invite dans son royaume. C’est un privilège que d’avoir l’honneur de la visite accompagné par la maîtresse de maison à bord, l’Hôtesse ! Beaucoup d’instants merveilleux tirés des souvenirs de Marie-Stéphane prennent sobrement pour même titre « En vol » ou encore « Au long cours ». Ce sont des intermèdes aux cieux entre deux merveilles de l’humain, de la nature ou de l’architecture qu’elle est allée rechercher au sol, sur cette planète qu’elle domine la plupart du temps depuis sa cabine.

Alors on joue avec elle à saute-continent et, à coup de trois jours, on échantillonne le monde. C’est un jeu merveilleux.

Ainsi, tout en découvrant les coulisses de ce métier hors norme, on est invité à faire avec l’auteur toutes sortes d’escales autour de la planète. Comme elle on butine au gré des destinations et des occasions les richesses de notre maison commune. Mais ce qui compte avant tout ce sont les rencontres.

Redescendue sur terre, dans son travail d’écrivaine qui met en forme les multiples expériences soigneusement notées et conservées au fil des années de carrière, Marie-Stéphane recherche toujours autant les rencontres. J’ai l’impression qu’elle réussit à provoquer la rencontre avec son lecteur. Elle met en effet dans son écriture limpide la même intensité et surtout la même humanité qu’elle mettait dans sa gestion des situations les plus variées auxquelles elle apporta toujours une saine curiosité, une bienveillance innée et un sens du service remarquable.

Après un tour du monde en ligne droite en vrai, je viens de faire en quelques pages (presque 300 mais en parait beaucoup moins car elles sont aérées, aériennes et que chaque souvenir va à l’essentiel) un tour du monde en étoile. Et nourri délicieusement une nostalgie féroce !

J’ai effectué un agréable voyage, je vous remercie bien, et emprunterai avec plaisir, malgré un décalage horaire gratiné, à nouveau vos lignes.

Montmorency le 31 Janvier 2016

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