Méridienne
Le tendre souvenir de toi
coule en moi en toutes saisons
comme l'eau sous le pont génois
noyant mon coeur et ma raison
En ce moment comme naguère
où passaient les chevaux des rois
et des empereurs et des guerres,
sous les arches du pont génois
le torrent chante sur les pierres
un air doux qui n'en finit pas.
A cet instant, comme au temps où
les rois, les empereurs passèrent,
le torrent murmure aux cailloux,
l'eau claire chante pour les pierres
un chant permanent et très doux,
un air de moulin à prières.
Et à présent comme autrefois
où les rois, les guerres passant
faisaient trembler le pont génois,
le soleil chauffe, alanguissant
l'eau qui chante aux cailloux, et moi
je suis caillou dans le présent.
Le tendre souvenir de toi
coule en moi en toutes saisons
comme l'eau sous le pont génois
noyant mon coeur et ma raison
Maria Labeille, extrait de La Centaurelle épousée, Paris, Collection Club des poètes, p. 43.
Tous remerciements à Maria Labeille
mise en ligne de cette page : 2.11.17 (pour le coin des poètes du 4 novembre 2017, thème : les cailloux)