Les assassins du monde

Arrêtez vos tondeuses et stoppez vos alarmes
Muselez scies électriques, télés, aspirateurs,

Mettez donc en sourdine toutes ces futiles armes

Faites taire vos radios, étranglez vos moteurs.

Le monde est fatigué : la Terre a la migraine,
Pas un instant seulement vous ne la respectez

Vous courez en tous sens pour y semer les graines

De l’anéantissement que vous croyez progrès.

Cassez vos beaux joujoux, respirez les montagnes
Tuez plutôt le bruit, décibels de l’horreur

Fuyez vos vies arides, partez à la campagne

Il en reste si peu ici, et même ailleurs !

Laissez donc le ciel bleu aux oiseaux, aux nuages
Epurez donc la mer qu’elle retrouve ses couleurs

Chassez donc ces machines qui tout au long des âges

Ont abruti les hommes de promesses et de leurres.

Brûlez vos prospectus : c’est le sang de nos arbres,
Jetez vos crèmes chères : c’est la chair de nos bêtes

La Terre est transformée en planète de marbre

Le bruit n’est pas la vie, le bruit n’est pas la fête.

Déconnectez vos âmes de cette affreuse ronde
De grâce, humez la sève, écoutez les semences

Même si naïvement les assassins du monde

Ont détruit votre espace et le goût du SILENCE.

Claudie Lecoeur
D'ambre et de satin,  Prix de la Ville de Montmorency, DL 1998.
© Claudie Lecoeur, tous droits réservés.


mise en ligne de cette page : 12.12.18

 

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