D. Ravet, A l'encre de Chine

David Ravet

À l'encre de Chine : fantaisies asiatiques

Éditions Passage(s), collection "Projectiles", 2020, 119 p.

ISBN/EAN : 979-10-94898-87-1. [14 €]

Les Jardins de Carel
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Présentation (4e de couverture)

« Dans ce désordre grandissant, Diogène et Goxi se rapprochèrent rapidement du chantier le plus avancé : ils virent alors se dresser trois soldats de Terre cuite de haute taille dont les visages déterminés et volontaires les fixaient. Leurs armures finement décorées de multiples nœuds couvraient leurs larges poitrines. Ils étaient en marche. Il semblait qu’ils ne s’arrêteraient jamais, que d’ailleurs ils avaient traversé des contrées lointaines, des montagnes enneigées, des déserts. La puissance des premiers empereurs défilait devant leurs yeux ébahis. Goxi déchiffrait en ses soldats une fureur contenue, une rancœur amère que leurs forces martiales combattaient, à chaque mouvement de leurs bustes. […] Alors, ils se mirent en marche. Sortirent des champs des milliers de soldats, défilant en huit processions. […] Quand la nouvelle se répandit, les habitants n’y croyaient pas, surtout les matérialistes, les nouveaux maîtres de la Raison, les combattants acharnés de toutes les superstitions, les héros de la Révolution culturelle. »

David Ravet est un grand voyageur. Il a arpenté une soixantaine de pays qui lui ont inspiré poèmes et nouvelles mêlant Histoire, politique et imaginaire. Docteur ès Lettres, il a enseigné à l’Université, à la Sorbonne mais aussi en Russie et en Chine. Sa passion pour l’Asie est à l’origine d’A l’encre de Chine.


 

Impressions de lecture

par Nathalie Cousin


David Ravet se définit comme un écrivain-voyageur. Titulaire d’une thèse de doctorat en littérature de voyages, il a enseigné le français à l’Étranger, notamment en Chine et en Russie.
À l’encre de Chine : fantaisies asiatiques est son premier livre publié, et, pour un coup d’essai, c’est un coup de maître !

Une quinzaine de récits hauts en couleur composent ce livre kaléidoscopique, nous faisant voyager à travers l’espace et le temps, de la Chine au Japon et à la Corée. Ces « fantaisies asiatiques », entremêlent imaginaire et réalité. Toutes reposent sur un solide arrière-fond historique, géographique, artistique, culturel que connaît parfaitement l’auteur. De l’homme de Pékin préhistorique aux étudiants chinois du deuxième millénaire, en passant par Confucius, les différentes dynasties impériales et le régime maoïste, c’est toute l’Histoire qui défile comme une immense fresque, que David Ravet peuple de personnages légendaires sortis de son imagination, de ses rêves et fantasmes, ou inspirés de personnages existants ou ayant existé réellement. Lui-même, en tant que conteur narrateur, se met souvent en scène dans ses récits, et s’identifie non seulement à ses personnages masculins et féminins, dont il entend la « voix vibrante », ou le « langage inconnu », mais plus généralement à toutes les choses et tous les êtres : « Je suis les grands cèdres qui ont vu défiler les rois et les reines, les filles des empereurs, les sages, les philosophes, les fourbes, les courtisans, les amours, les trahisons. Je suis le rocher Soyoam qui toucha les pieds guerriers des souverains. Je suis le jardin, le parfum des nénuphars, la poussée verticale des plantes. »

Dans À l’encre de Chine tous les genres coexistent sans frontières. Ces fantaisies asiatiques amalgament fantasy, récits d’aventures, d’arts martiaux (Kungfu), d’initiation, contes et légendes, théâtre (nô, kabuki), épopée, prose poétique, chroniques, « poèmes-tableaux » (pouvant évoquer Peintures de Victor Segalen, à un siècle de distance…). Tout est bon pour « fixer le prodige, estampe à l’encre de Chine », « l’incessante quête du Beau », et faire de ce « voyage au centre des calligraphies » une « perpétuelle découverte ».

Comme les étudiantes et étudiants chinois de David Ravet devront apprendre à « vibrer, sentir, rêver en français », certains lecteurs « [seront] prêts à ce voyage, d’autres [se perdront] » dans ses labyrinthes. Certains « [essaieront] avec patience d’entrer dans le monde complexe de »… «  la lumineuse civilisation chinoise ».


Date de rédaction de la note de lecture : 3- 4.10.2020. Maj de cette page : 7.10.2020.