Femmes en parallèle. Préf. M. Dreshaj

Nicole Barrière. Femmes en parrallèle, traduit en albanais. (En cours, 2018)
Préface du Prof. Asoc. Dr. Myrvete Dreshaj – Baliu Université  de Pristina (Kosovo)
 
Pour ceux qui ont étudié la littérature française et aussi pour ceux qui suivent plus spécialement la littérature française contemporaine, il n’est pas très difficile de percevoir l’influence de cette poésie dans l’anthologie personnelle de la poète et éditrice française Nicole Barrière.
Dans l’agrandissement de l’espace-temps des thèmes et en particulier dans l’espace de recherche de sujets éminemment tragiques, des images et des signes historiques ou imaginaires, il n’est pas difficile d’adapter les émotions ou les destins de femmes, individuels et collectifs, avec les symboles des poèmes ou des proses des écrivains qui l’ont précédée.
C’est évident et satisfaisant pour le lecteur d’hier et pour le lecteur d’aujourd’hui. Les littératures et les cultures dont les sujets portent sur l’héritage historique, travaillent les grands thèmes de l’humanité et enrichissent la littérature française.
 
Nicole Barrière est une essayiste, éditrice, traductrice... avec une grande expérience dans l’écriture et d’une grande connaissance des cultures, ainsi cette culture et son intelligence elle les transmet aux nouvelles générations avec une grande attention, comme une mission du poète devant l’histoire et elle la couronne avec le mot Femme comme texte, comme intertexte et aussi comme métatexte, dans un individualisme historique et dans une émotion sublime et poéthique.
Nicole Barrière, poète, écrivain, essayiste, traductrice, Directrice de la collection Accent tonique aux Éditions l'Harmattan.
Le volume de poésie « Femmes en parallèle », est une auto-anthologie pour les lecteurs albanais, elle se construit en trois paradigmes ou en trois plans : la femme albanaise, les femmes du Kosovo et d’Albanie, la femme de l’Est et la femme de nos jours dans des situations très difficiles, comme peut l’être la femme dans les guerres et les difficultés à trouver les routes pour émigrer dans l’espace européen vers une vie meilleure.
Dans ces poèmes, la femme albanaise est au premier plan, la femme que son passé a transformé en fleur glacée, avec des bras blancs, brûlant tandis que son pays défile comme le refrain d’une chanson “ Regarde comme il bon mon pays”.
Dans ce recueil de poèmes “Femmes en parallèle“, les femmes du Kosovo et d’Albanie font le même travail: “tricote sous le soleil“ une image typique de toutes les femmes  méditerranéennes, mais la femme albanaise se caractérise par sa bravoure.
Au deuxième plan, les vers de ses poèmes sont chargés d’un sentiment profond où on peut entendre les battements de cœur pour le peuple afghan, lesquels illuminent la poéthique avec les métaphores du poète espagnol, la mémoire de Federico Garcia Lorca. Ce sont des vers emblématiques s’appuyés sur la mémoire historique et littéraire; en même temps Nicole Barrière a voué sa vie à la part restante de souffrance terrible, ainsi que les situations bouleversantes sur lesquelles se construit la poésie pour le peuple, et qui nous oblige à vivre et à lutter de nouveau pour nos représentations de la paix.
On peut dire que les poésies dédiées aux femmes albanaises et les poésies dédiées à la femme et au peuple afghans, ensemble, ouvrent la grande porte des destins individuel et collectif de la femme depuis les Balkans jusqu’à l’Asie Centrale. Ce n’est pas un hasard que les poèmes “Femmes en parallèle“ abondent d’exemples des souffrances dans la vie quotidienne, avec les voyages en parallèles et méridiens vers un monde libre ou sans guerre; avec les images des enfants dans les combats pour gagner la grande bataille de ces déplacements sur la terre, sur la mer et l’air, avec en coulisse, un fond rempli de ruines.
Ce n’est pas un hasard non plus, que l’auteur écrit ensuite le poème de souffrance d’une survivante, tandis que les épreuves ne sont plus des cris dans une guerre, dans un soulèvement, mais dans l’âme qui tremble sur la neige, pour être couronnée avec des vers anthologiques:  “Mendiantes insurgées de la mort(…) Quand l’onde en haute mer aura fermé mes yeux »
Sans s’occuper des thèmes, d’un poème à l’autre, ils prennent souvent des dimensions universelles, il nous suffit de lire de vers en vers pour composer une image très fertile des poèmes de Nicole Barrière. Au premier coup d’œil on a l’impression de lire une description ou des témoignages de terrain, mais plus loin, on trouve dans chaque poème exactement ce qu’on cherche: le noyau de l’art poéthique dans le vers, comme ici:  Luajnë në hijen e një reje, apo edhe Bastisjet ajrore. Après, comme par hasard les évènements occupent l’âme, et dans plupart de ses poèmes, dominent l’humanisme et la sincérité, et au plan mondial, tel que l’a identifié Emile Zola. Dans ses poèmes on reconnaît aussi les signes d’une ville fatiguée par l’exode, l’endroit “entre deux ponts” , où meurent chaque jour les émigrants venus du monde entier, avec des image lourdes de blocs de béton, qui pour notre poète représentent les cimetières à ciel ouvert, les longues nuits qui apportent plutôt la mort que l’aube, les matinées remplies de bruit terrible quant les émigrants cherchent refuge dans l’ombre de la souffrance
La poésie de ce cycle traverse les destins tragiques avec des images sombres, mais à cette aube, à cette matinée, Nicole Barriere répond plusieurs fois avec l’ironie des mots et le discours de la protestation et du refus. Au mal généré d’une méridien à l’autre, et aux tragiques évènements d’un parallèle à l’autre, notre auteur donne la réponse avec la fameuse citation de Hölderlin: Il n’y a pas de chemise pour le torse de l’homme sauvage.
Voilà quelques-unes de nos raisons pour lesquelles il faut lire la poésie de Nicole Barrière et il faut que soit perçu par les lecteurs albanais ce qu’elle a écrit avec la force de son âme, avec son histoire, sa sensibilité, et pas seulement le premier cycle mais aussi le deuxième et troisième.

 

Prishtina , le  9 octobre  2018


Mise en ligne de cette page : 30 septembre 2018. Tous remerciements à Nicole Barrière.