DANS LA VILLE EMMURÉE

La ville murmure des propos doux amers
dans les rues, le métro. Les espaces confinés
font figure de havre et d’asile de paix.
La ville baigne dans une pénombre bleutée
les passants naviguent, bateaux ivres portés
par cette journée d’hiver froide, ombreuse, glacée.
La ville rumine des haines inassouvies.
Impassible, Charles va dans des bouges se perdre
faire renaître un passé à jamais enfoui.
Je l’ai suivi parfois dans ces lieux dits pervers
où seule la luxure se paraît d’amitié
Insolente vestale d’un présent confisqué.
La ville insulte, maudit ses âmes en détresse.
Les bien-pensants pourtant ne sont pas les derniers
à jouir des bienfaits de ces ilettes paumées.
Les censeurs à ces gens octroient l’amnistie.
Ce sont des gens de biens des gens de bon aloi
qui prient Dieu juste un peu pour se faire pardonner.
La cité se claquemure en ces temps incertains
le masque et le voile sont devenus mondains
la marque de respect des bons samaritains.
Mais tout lasse, tout passe, tout change, tout renaît
demain sera fait de nouveaux morts comptés
sur l’échelle de Richter ce n’est pas un séisme.
Le déconfinement est à l’ordre du jour
j’attends ce moment-là pour vous revoir tous
amis de la galère, amis de la mistoufle.

Claude DUSSERT


Mise en ligne de cette page : 19.01.2022 par Nathalie Cousin. Tous remerciements à Claude Dussert.