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Un poète est parti

Le soir tombait à peine et il nous a quittés,
Le poète aux grands yeux, que nous avions aimé.
Il y eut un silence au sein de la nature,
On ne vit plus des fleurs la superbe parure.

Il apparut des pleurs sur les roses d'Avril,
Où l'araignée du soir avait tissé son fil.
Plus aucun chant d'oiseau, dans la forêt voisine,
La lune, lentement, éclairait la colline.

Le poète, en partant, avait tout effacé,
Emportant, avec lui, ce qu'il avait chanté.
Il faudrait bien des jours pour chasser la tristesse,
Gardant sa poésie aux instants de détresse.

Le poète est parti et, dans le soir tombant,
J'ai vu pleurer la muse au déclin du couchant.
Le poète est parti retrouver la lumière,
En nous ayant laissé sa volonté dernière.

"N'éteignez à jamais les flambeaux de l'amour",
Chantez les belles nuits, les aurores et le jour,
Apaisez les douleurs et combattez la guerre,
"Criez pour que la paix soit maître de la terre".

Le poète est parti, mais ceux qui sont restés,
Feront pousser des fleurs aux lieux abandonnés,
La muse reviendra au matin qui s'anime,
Et nous pourrons semer le grand champ de la rime.

Jacques Schreyer,
Les saisons de la vie  : poèmes, quatrième recueil,
Méry-sur-Oise, S.I.B.M., 2001, p. 67.