Le mal qui rit

Dans ce monde cerné de sang et de violence,
J’ai cherché un sourire aux yeux des inconnus.
Certains l’avaient, figé, béat d’indifférence.
D’autres, lèvres gercées, affichaient un rictus.

J’ai dû changer de rue en quête de gaieté.
Là, j’ai vu des rappeurs faire des pirouettes.
Danser en débitant des paroles rythmées.
Issues de Bobigny ou des tours des Minguettes.

Pas de joie. Pas de rire et jamais de chanson.
Juste des cris de haine à ceux qui font la vie.
Criant « Où est mon droit d’avoir une maison ? »
Oubliant le devoir de gagner leurs envies.

Puis, dans les beaux quartiers, j’ai traîné mes souliers.
Vides les boulevards ! Silence dans les bars !
Mes rires, mes éclats montaient les escaliers
Mais un écho muet arrivait en retard.

Où trouverai-je enfin le rose d’un sourire
Dans les lèvres pincées d’une froide Joconde ?
Aux fières walkyries conquérant leur empire,
Je préfère Renoir et ses femmes girondes !
 

Jacquot
Poème publié dans L’Ouvre Boîte à Poèmes,
n°101, mai 2015, p. 54


Mise en ligne :17.11.19