L. Bérimont, L'évidence même

 

J'embrouille doucement l'amour avec les paysages
Une forêt naît d'un visage
La neige transhume en Auvergne
Les douves d'un château perdu débordent, en février, sur les prairies

Un soleil bûcheron ouvre les bois d'Honfleur
Et la pluie ruisselle en novembre
Des autoroutes ivres d'eau
Il y a la nuit bue, pleine des cris du vent
Il y a la petite usine qui tourne, en hiver, à six heures, sur la route de Vézelay
Une tempête d'équinoxe écaille la craie d'Etretat
Il y a la cretonne à fleurs dans une alcôve solognote
Un feu de bois près de Rouen, le mur d'un parc à Rambouillet

Et partout, toujours, tes yeux verts
L'éclat du rire de ta chair
Partout, toujours, ton jeune sang
Libre et fougueux dans ses collines.

Luc  Bérimont, Extrait de L'Evidence même,
Poésie Flammarion, 1971, p. 50.


 

Né en Charente, d'une famille ardennaise chassée par l'invasion, Compagnon, à Rochefort, de René-Guy Cadou, puis journaliste, romancier, essayiste, producteur d'émissions de Radio et de Télévision, réalisateur de cinéma.

Depuis Un feu vivant, Bérimont a encore agrandi "ce maximum d'espace" qu'il attend de l'usage des mots et, avant tout, de leur silence." ( L'Evidence même, 4e de couverture)

Poésie :

Un feu vivant (Flammarion, 1968)
Les accrus (Seghers, 1963). (Prix Max Jacob 1963)
L'herbe à tonnerre (Seghers, 1958). (Prix Apollinaire 1959)
Le grand viager (N.E.D., Collection des Neuf, 1954)
Les mots germent la nuit (Seghers, 1951)

Paul Chaulot, Luc Bérimont (Seghers, Poètes d'aujourd'hui, 1966)

Romans :

Le bruit des amours et des guerres (Laffont, 1966)
Le bois Castiau (Laffont, 1963)
Le carré de la vitesse (Fayard, 1958)
L'office des ténèbres (Grasset, 1955)
Les loups de Malenfance (Julliard, 1949. Rééd. 1962)

 


Page mise en ligne le 18.09.16.