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L’AVENTURIER (Jack London)

Il effeuille les livres comme on plume un poulet
Les contes et les légendes le regardent grandir
Passionné de lecture et amoureux du verbe.
Certificat en poche il affronte la mer
À dix cents de l’heure il s’épuise à la pêche
Les matafs dans les ports s’adonnent à la boisson
Alors comme son père il devient alcoolique
Prince des pilleurs d’huitres il rançonne les parcs.
La bougeotte l’anime, il revient à raison
Assagi pour un temps il devient garde côte
Pour traquer les malfrats, faire amende honorable.
La crise économique le trouve mineur de fond
Pauvre petit revanchard, affamé, moribond.
Il parcourt l’Amérique en vagabond du rail
Il connaît le doute, la peur, la prison.
Mais la rage d’écrire est sa seule compagne
Concierge d’un lycée pour payer ses études
Il devient étudiant, emprunte de l’argent
Mais le savoir se paie et le succès attend.
Aventurier dans l’âme il rejoint derechef
La horde des chercheurs en quête de pépites
Mais son or à lui s’appelle l’écriture.
D’or, de pépites, il n’en a pas trouvé
Mais sa tête est remplie de milles péripéties
Édite une nouvelle, écrit un manuscrit
Il écrit, il écrit des contes à la pelle
Mais la gloire le fuit, est absente à l’appel.
Il devient reporter, publie L’Appel de la forêt
Il a vingt ans à peine c’est son premier succès.
Il songe à devenir un modèle d’époux !
Vagabond dans l’espace, il l’est dans le mariage
C’est l’appel du large qui a le dernier mot
Le marin apprenti devient bon capitaine
Il court autour du monde, il court à la folie
Il court de rive en rive, il court de port en port.
L’aventure est pour lui une quête insatiable.
Il meurt à quarante ans, après cinquante vies.

Claude DUSSERT


Mise en ligne de cette page : 19.01.2022 par Nathalie Cousin. Tous remerciements à Claude Dussert.