Secrets d’hirondelle

Arabesques magiques, danse sacrée du soir
Dans le ciel déchiré de piaillements aigus,
Le ballet hypnotique des hirondelles noires
A suspendu le temps, et mon âme éperdue
Recherche en ma mémoire le jardin de mon père,
Et le frais bruissement des peupliers d’argents
Qui enfantaient le vent au bord des roselières.
Mais l’hirondelle fuit là-bas vers le ponant
A son ventre de lait s’attarde une lumière
Rosissant  sous la brume irisée du matin
Et voilà qu’elle emporte, la belle aventurière,
Au sombre de ses ailes l’ombre de nos chagrins,
Qu’elle survole légère, la Méditerranée,
A son brasillement, se pare de couleurs,
Aux rives africaines se gorge de chaleur,
Et métamorphosée, de rêve illuminée,
Arrive flamboyante au cœur de l’équateur
Où mon âme d’enfant la veut imaginer
Oiseau multicolore repeint par le  bonheur.
Mais voilà qu’elle refait le voyage à l’envers.
Dans le soleil couchant, des nuances pastel
Transparaissent encore sous le blanc et le noir,
Et sa danse sacrée dessine dans le ciel
Des cartes aux trésors et des chemins d’espoir
Qu’il faudrait savoir lire, s’il n’était pas trop tard ?

Trop de rêves se meurent à l’hôtel des regrets
Et certains soirs j’en pleure, mais je sais deux secrets :
Les peupliers d’argents sont les gardiens du vent,
L’enchanteresse aronde au ventre flamboyant
Un matin reviendra de nos pays d’enfance
Abecquer de soleil la frileuse espérance

 

Hélène Buscail, extrait de Les fruits de l’aurore
publié ici avec l'autorisation de l'auteur que nous remercions.

Mise en ligne de cette page : 26.04.13