Van Gogh

Alléluia, le soir,
fous dans le vent,
ivres de vent
Alléluia, le soir,
dansent des feux flamboyants
dans les hautes herbes noires

Alléluia, le vent,
dans les touffes de silence,
le vent grinçant
le vent d’hiver,
le vent de la vie, qui siffle et gémit
sur les routes de misère.

Alléluia, mon amant solitaire,
le vent des mornes plaines
et des clochers du soir ;
cornant à mes oreilles
les grands oiseaux de mers
volent effarouchés sous les nuages noirs.

Alléluia, la plaine aux vieux troncs grimaçants
arbres échevelés
frissonnant sous la pluie,
fantômes en palabre aux grands gestes muets,
secoués par le vent.

Alléluia, la nuit,
la lampe éteinte, le temps enfui,
l’éclat terni des turbulences,
le vent sinistre de l’oubli,
l’oreille en sang, l’indifférence,
les messagers de la folie.

Alléluia, ma délivrance,
le manteau noir de la prairie,
et les sombres plaines immenses
ébouriffées par le silence
Alléluia, ma délivrance
de la vie, de la vie, de la vie…

Francis Raison

Extrait du recueil La vie qui passe, Poliphile, 2004, p. 66

(aimablement communiqué par Aymeric de L'Hermuzière, avec nos remerciements)