La rose et le moineau


Un moineau sans amis, sans nichée ou famille
S’est posé ce matin dans le jour renaissant
Sur le bord d’une branche aux contours jaunissant
D’un arbre s’élevant du creux de la charmille.

Plus bas, dissimulée à l’ombre d’une ormille,
Une rose naissait près d’un cours d’eau bruissant
Dans le trompeur silence en fait assourdissant
Des échanges secrets d’un peuple qui fourmille.

La rose lentement écartait ses pétales
Que le moineau figé ne quittait pas des yeux.
Comme pour imiter les antiques vestales

Éclose, elle s’offrait au doux regard des dieux.
Mais les heures qui fuient aux roses sont fatales
Et, la voyant flétrir en ce matin radieux,

Le moineau sut alors que naître c’est mourir,
En sachant que demain le jour va refleurir.


Yves-Fred Boisset