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Paroles oubliées

Une mèche échappée de la sage coiffure  
Ruissèle sur la joue, frôle la nuque pure
Courbée sur l’ouvrage de fine broderie ;
Un bel air tendre et doux berce la rêverie.

Les mots sont oubliés, la mélodie résiste
Au destin effacé d’une cousette triste ;
Sur le métier de bois, les petits doigts cadencent
Le rythme d’une valse en défi au silence.

Et lorsqu’en résonance a tremblé le rideau,
Comme une aile froissée caressant le carreau,
Qu’elle a vu cette plume voler, tourbillonner,
Elle a tendu la main d’un geste mesuré.

O si légère ! Ne pas la laisser choir !
Car ne pas la sauver serait trahir l’espoir ;
Alors elle a soufflé, douceur, légèreté,
Sur les ailes du vent qui l’a vite emportée

Loin de ce monde abrupt, et de la servitude
De son âme captive, ivre de solitude…
Elle a suivi son vol et l’a accompagnée,
Du regard et du cœur, avec elle a gagné

Le cerisier en fleurs, avec tant d’émotion !
Ses lèvres ont reconnu le goût de la passion…
Libre, son cœur oiseau, libre, son âme ailée
Ont inventé des mots pour enfin dévoiler

Les paroles d’un chant, qui a nom liberté !

 

Hélène Buscail, extrait de : Les fruits de l’aurore
publié ici avec l'autorisation de l'auteur que nous remercions.

Mise en ligne de cette page : 26.04.13