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Poèmes-hommages à René Battais

 

 

Dépaysé,
Arraché à la terre,
Promis aux étoiles,

René, Poète de Cœur et d’Action
Battais, qui de son rire savait le poids des mots
Et la fraternité des hommes,

Qui plus que toi,
Connaissait la dure réalité du rêve,
Celle que l’on construit de l’idée à l’outil,
De la feuille blanche à la fabrication de la revue,

Nécessaire solitude de toute création
Dans l’éphémère témoignage de notre éternité,

Où la connaissance de l’Autre
Affirme la beauté de tout partage,
De Ton partage.

Dépaysé,
Arraché à la terre,
Promis aux étoiles.

 

Georges Adorni

3 juillet 2013


 

À René

 

Un homme est passé
comme l'herbe qui danse
comme l'herbe qui danse
sous le galop d'un cheval fort
sous le grand rire du vent fou.
Un homme est passé
comme gouttes d'eau vive
comme gouttes d'eau vive
sur les fleurs si fragiles
sur les ombres qui rêvent
sur la terre qui frémit.
Un homme est passé
un frère de sang pur
un prince en poésie
un ami vrai,  grand,
beau  comme  la lumière.
Ce soir,
sur l'herbe qui danse
sur les ombres qui tremblent
sur la terre esseulée
il y a tant de gouttes d'eau vive
que se noient en communion de galaxies
les pleurs de la terre aux larmes de mes yeux.

François Fournet
3.07.13



 

Adieu l'ami
On t'aimait bien
Adieu poète
Adieu l'artiste
Cœur grand ouvert
Libre d'esprit
Tu avais la discrétion des Grands
Grand René
et nous ne pourrons plus te dire
"Parle plus fort"
Sais tu combien ça nous fait mal
Mais parle encore, René,
Parle, les anges t'écoutent


Hélène  Buscail
3 juillet 2013

 


 

À René B.


 
Pousser les volets du jour pour
se noyer dans la folie des vents
 
Comme de l’Arbre, se fondre
dans des houles de renouvellement
 
Se percevoir feuille parmi les feuilles
s’enfouir au coeur de leurs palabres
 
Vivre au mieux le frisson à peine
audible de leurs gémissements
 
Puis convenir que l’on est cible
au mille du grand chambardement
 
Apprendre à se délester
du trop-plein de nos orages
 
Admettre de tout passage
la loi du renoncement
 
Savoir consoler la cime
quand l’abandonnent les oiseaux
 
S’appliquer à l’abordage
de nouvelles plus sages raisons
 
N’être plus que clapotis de feuilles
parmi les autres feuilles, l’accepter
 
nacelle point à point tressée
par le tangage des saisons



Jeannine Dion-Guérin

3 juillet 2013





A nous

Je veux dédier ce discours
A tous les poètes d’un jour
D’une heure ou d’une éternité
Qui sont venus ici ce jour
Et qui écoutent dans la cour
Parmi d’autres célébrités

A cette dame de passage
Dont on ne redira pas l’âge
Mais le nombre de ses recueils
Qui nous a lu quelques passages
Tiré de son dernier ouvrage
Qui sur une table s’effeuille

A cette fillette joueuse
Que la poésie rend heureuse
Sans même qu’elle s’en rende compte
Qui dans son rêve de jeunesse
Apprend des poèmes sans cesse
Facilement à si bon compte

A cette petite araignée
Qui tend des lianes emmêlées
Au-dessus de nos cabanons
A toutes ces rimes bien nées
Qu’on a proprement récitées
Et qui forment un Panthéon

Aux grands-pères à la dérive
Qui se rapprochent de la rive
Et disent leurs dernières phrases
A la mémoire tant rétive
Et la plume si maladive
Mais qu’on relit avec extase !

Aymeric de L'Hermuzière


 


Sur un air de Brassens

 

Il est pour toi ce sonnet-là
Qui trop brusquement t’en allas,
Qui nous fermas la porte au nez
Après avoir pris ton goûter.

Il faisait doux, il faisait bon,
Nous récitions sous les avions,
Nous ne pouvions imaginer
Toi nous envoyer promener.

Toi René, bourreau de nos cœurs
Toi l’ami, toi le joli-cœur
Que jamais le coin ne t’oublie…

Que tu fasses comme aux beaux jours
Sur terre au ciel un bon séjour,
Que ta gloire y soit établie…

 
Ils sont pour toi ô mon grand-père
Ces mots d’amour qui, je l’espère,
Montent au ciel pour te rejoindre,
Cher bienheureux et non des moindres !

Ton esprit est parti ailleurs
Recouvrer vite des couleurs,
Ici tu perdais la mémoire
Là-bas tu retrouves la gloire.

As-tu trouvé l’ami René
Qui lui aussi nous a quitté ?
Composez-vous toujours des rimes ?

Je ne sais rien de cette énigme
Qu’est la mort mais vous imagine
Tout là-haut flotter dans les cimes…

 

Il est pour toi cet air hélas
Qui nous laissas de guerre lasse
Affronter le noir de la vie
Lorsqu’un des nôtres elle a pris.

Nous subirons des jours de veille,
La nuit le soleil vous réveille,
Nous ferons revivre vos œuvres.
Ils nous font gober des couleuvres !

Comme ces gars qu’on dit maudits
Qui sont montés au paradis
Et qui prennent soin de nos âmes

En semant dans nos cœurs brisés
Leurs proses comme des baisers
Qui toujours ravivent la flamme…

 

Il est pour toi ce tralala
René toi le grand échalas
Qui fêtais ton anniversaire
Avec nous tes amis sincères.

Ils sont à toi ces quelques vers,
Pour finir je lève mon verre
A l’amitié que tu nous fis,
A cet improbable défi

Qui consiste à faire ton deuil
René toi l’homme aux milles fables
Qui te montrais toujours affable.

A l’heure où chacun chez soi dîne
Où plane ton âme en sourdine
Tu veilles sur nous d’un bon œil...



Aymeric de L'Hermuzière – 12 Octobre 2013


 


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